À partir du 1er janvier 2026, la fiscalité automobile française connaîtra un tournant majeur avec l’application du malus au poids aux voitures électriques. Jusque-là exclues de cette mesure, ces dernières seront désormais soumises à une taxation si leur poids dépasse un certain seuil. Cette décision, inscrite dans le projet de loi de finances 2025, marque une évolution vers une politique de mobilité plus cohérente, mais également plus restrictive pour certains modèles très lourds.
Le barème prévu s’appliquera à tous les véhicules neufs dont le poids dépasse 1 500 kg. Il prévoit une taxation progressive à hauteur de 10 euros par kg entre 1 500 et 2 000 kg, puis de 30 euros par kg au-delà. Pour tenir compte de la masse des batteries, un abattement spécifique de 600 kg sera accordé aux véhicules 100 % électriques. En pratique, seuls les modèles dont le poids réel dépasse 2 100 kg seront donc concernés par ce malus.
Prenons un exemple concret. Un SUV électrique pesant 2 200 kg bénéficiera d’un abattement de 600 kg, ce qui ramènera son poids taxable à 1 600 kg. Le malus s’appliquera donc sur 100 kg, soit un montant total de 1 000 euros à l’achat. Pour les véhicules beaucoup plus lourds, comme certains modèles de luxe qui dépassent 2,5 tonnes, la facture pourrait rapidement atteindre les plafonds en vigueur.
Les véhicules les plus touchés par cette mesure seront principalement les SUV électriques haut de gamme et les utilitaires lourds. En revanche, les petites berlines ou citadines électriques comme la Renault Mégane E-Tech ou la Peugeot e-308 resteront en dehors du champ d’application du malus, car leur poids reste bien en dessous du seuil déclenchant la taxation, même sans abattement.
Cette réforme s’inscrit dans un contexte de remise en question de l’impact environnemental des véhicules électriques les plus lourds. Si leur usage ne produit pas de CO₂ à l’échappement, leur phase de production est bien plus énergivore et exigeante en ressources rares que celle des véhicules thermiques légers. Le gouvernement souhaite ainsi dissuader l’achat de véhicules surdimensionnés tout en continuant à encourager la transition vers l’électrique. Il envoie aussi un signal clair aux constructeurs automobiles : l’innovation doit désormais concilier autonomie, performance et légèreté.
Pour atténuer les effets de la mesure sur certains profils d’acheteurs, des aménagements sont prévus. Les hybrides rechargeables bénéficieront d’un abattement de 400 kg. Les familles nombreuses pourront toujours demander une exonération partielle, à condition de répondre à certains critères. Par ailleurs, le bonus écologique est maintenu mais devient plus exigeant : son attribution dépend désormais de l’origine des matériaux utilisés et du lieu de production du véhicule, dans le but de favoriser des modèles plus responsables sur toute leur chaîne de fabrication.
Cette réforme suscite des interrogations légitimes. Certains y voient une mesure de bon sens pour éviter les dérives d’un marché automobile où le poids des véhicules ne cesse d’augmenter. D’autres craignent qu’elle freine l’adoption des véhicules électriques, notamment chez les familles ou les professionnels qui ont besoin de véhicules spacieux. Elle pourrait néanmoins constituer un levier important pour inciter l’industrie à innover dans une autre direction, en concevant des véhicules plus légers, plus efficients, et réellement alignés avec les objectifs climatiques.